Cher Coronavirus,

Voici quelques temps que je te côtoie sans jamais t’avoir vraiment rencontré, tu n’as pas de compte facebook, instagram, twitter…et pourtant je suis un de tes followers par défaut car tous les médias ne parlent que de toi depuis de nombreux mois.

Tu es venu de façon assez intrusive une première fois en début d’année 2020, certainement pour essayer de nous remettre en contact avec les choses essentielles de la vie, qu’indépendamment de notre statut social, chaque personne, chaque métier est important dans notre quotidien et nous permettre ainsi de nous réorienter aussi bien individuellement que collectivement sur ce qui compte réellement.

Tu me rappelles combien la vie est précieuse, et comme toute chose précieuse, combien elle est fragile.

Tu me rappelles de prendre soin de moi et que cela passe obligatoirement par prendre soin des autres car c’est ainsi que ma vie sera pleine, riche et fera sens à l’heure du bilan. J’ai pris conscience que vivre ma vie était différent de la traverser, dans cette frénésie du toujours plus. Mais toujours plus pourquoi ?

Tu nous as montré l’extraordinaire faculté d’adaptation que nous avions pour gérer une situation inédite; notre détermination, notre cohésion, notre créativité quand nous laissons émerger notre Humanité.

De cette première vague tu nous as observés nager pendant quelques mois afin de voir quelles étaient nos avancées techniques, technologiques, structurelles bien sûr mais surtout Humaines. Nous montrer que le plus dur n’était pas de répondre à l’urgence mais bien de garder le cap malgré le répit sanitaire car toi, tu ne prends pas de vacances…

Tu nous rappelles que la vie c’est le chaos et l’aléatoire dans ce monde rêvé d’ordre et de certitude. En revenant avec cette deuxième vague, tu nous annonces qu’il va falloir être un peu plus créatifs, réussir à changer nos modes de vie, à transformer nos emplois, à se tourner vers des solutions à long terme si nous voulons conserver des sociétés civilisées.

Tu as aussi constaté que malheureusement les changements profonds sont bien plus corrélés au nombre de lits occupés et décès annoncés qu'aux arguments de prévention. C’est pour cela que tu es revenu en espérant qu’on évolue.

Je pense que tu observes d’un œil étonné ta célébrité morbide au regard de ce que nous nous affligeons lors de nos multiples conflits de non partage de richesses, de territoires ou d’idées. Oui on tue bien plus que toi et très largement mais ce n’est pas pareil dira-t’on, on a de bonnes raisons…

Pourtant tu nous rappelles une chose essentielle, nous sommes la même espèce vivant sur cette magnifique planète bleue et toi tu ne fais aucune différence ethnique, idéologique ou même religieuse; ce qui de nos jours est une véritable prouesse!

Merci à toi de me pousser à faire des choix : celui de la peur, de l’isolement, du sectarisme, de l’individualisme ou celui de l’intelligence, de l’empathie et de la bienveillance car si on devait encore prendre conscience que nous avons tous la même valeur, tu nous as montré qu’il est encore possible de ne faire aucune différence.

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